Points clés
1. Jeunesse et première expérience de la tromperie
Mon père possédait la qualité essentielle du parfait pigeon : une confiance aveugle. Je l’ai plumé pour 3 400 dollars.
L’impact d’un foyer brisé. Les parents de Frank Abagnale se sont séparés lorsqu’il avait douze ans, ce qui l’a profondément marqué, notamment dans sa relation avec son père. Ce dernier, homme d’affaires prospère devenu employé des postes après une faillite, est devenu sans le savoir la première victime de Frank à quinze ans. Frank a utilisé la carte de crédit Mobil de son père, d’abord pour faire le plein, puis rapidement pour acheter des pneus et accessoires qu’il revendait en liquide.
Une tromperie qui s’amplifie. Cette première escroquerie, motivée par un désir d’argent pour impressionner les filles, lui a rapporté 3 400 dollars. À l’arrivée de la facture colossale, son père, confus mais indulgent, a pardonné, tandis que sa mère, détentrice de la garde légale, l’a envoyé dans une école privée pour garçons en difficulté. Cette expérience, bien que pas sévère, lui a semblé injuste et a renforcé son sentiment de détachement.
Le départ du foyer. À seize ans, accablé par le déclin de son père et la situation familiale non résolue, Frank quitta la maison pour New York avec seulement 200 dollars en poche. Il comprit vite que les emplois au salaire minimum ne suffiraient pas à son train de vie, ce qui le poussa à falsifier son âge sur son permis de conduire et à commencer à émettre de mauvais chèques sur son petit compte. Ce fut le passage du simple enfant turbulent au criminel professionnel.
2. Devenir le Skywayman : le personnage du pilote
Je n’étais ni pilote Pan Am ni pilote tout court. J’étais un imposteur, l’un des criminels les plus recherchés sur quatre continents, et à ce moment-là, je jouais mon rôle, enjolivant la réalité pour des gens bien naïfs.
Inspiré par le glamour. Voir des pilotes et hôtesses de l’air sortir d’un hôtel a suscité chez Frank son idée la plus audacieuse : se faire passer pour un pilote. Il croyait que l’uniforme inspirait respect, confiance et offrait l’anonymat, parfait pour encaisser des chèques. Le bâtiment Pan Am représentait pour lui une « montagne à gravir ».
Acquérir la façade. Par des appels téléphoniques audacieux et des visites, Frank obtint un uniforme Pan Am en prétendant que le sien avait été volé, tout en apprenant les comptes employés et les allocations pour uniformes. Il utilisa ensuite ses compétences en arts graphiques pour créer une fausse carte d’identité Pan Am, puis un faux brevet de pilote FAA grâce à un service de gravure et une photocopieuse.
Apprendre les ficelles. Sans savoir piloter, Frank s’immergea dans la culture aérienne. Il étudia des livres, contacta des compagnies aériennes en se faisant passer pour étudiant ou journaliste, et passa du temps dans les aéroports à écouter les conversations des équipages. Il apprit le jargon, les procédures (comme le deadheading) et fréquenta même des hôtesses pour recueillir des informations, devenant rapidement fluent en « airlinese ».
3. Maîtriser l’imposture : docteur, avocat, professeur
Je n’avais même pas fini le lycée ni mis les pieds sur un campus universitaire, et pourtant j’étais avocat certifié !
Chercher des refuges sûrs. Après des frayeurs en tant que pilote, Frank chercha des identités moins exposées. Il devint pédiatre à Atlanta en inscrivant cette profession sur une demande d’appartement, soutenu par un faux relevé de notes de Harvard Medical. Il maintint cette façade près d’un an, s’appuyant sur des internes pour gérer les vrais cas médicaux, tandis qu’il jouait le rôle du superviseur charmant et excentrique.
Avocat par hasard. Une rencontre fortuite le conduisit à se faire passer pour diplômé en droit de Harvard. Il forgea un relevé de notes, étudia des livres de droit et réussit l’examen du barreau à sa troisième tentative. Il travailla neuf mois comme assistant du procureur, surtout comme coursier, jusqu’à ce qu’un vrai avocat de Harvard le démasque, le forçant à fuir.
Professeur d’été. Besoin d’une identité temporaire, il répondit à une annonce pour enseignant en sociologie dans une université de l’Utah. Il forgea des relevés de notes de Columbia et des lettres de recommandation, se présentant comme pilote TWA en congé avec un doctorat. Il enseigna un été, appréciant son rôle et ses étudiants, avant de partir pour éviter d’être découvert.
4. L’art de la contrefaçon et les escroqueries bancaires
Frank Abagnale pouvait écrire un chèque sur du papier toilette, tiré sur le Trésor des États confédérés, le signer « U.R. Hooked » et l’encaisser dans n’importe quelle banque de la ville, en s’identifiant avec un permis de conduire de Hong Kong.
Perfectionner l’art. Frank dépassa les simples chèques personnels pour maîtriser la contrefaçon, se concentrant sur les chèques de paie et de banque. Il comprit l’importance des détails comme les bords perforés, les numéros en encre magnétique (codes de routage) et la séquence des numéros de chèque.
Exploiter les failles du système. Il découvrit que les banques traitaient souvent les chèques selon les numéros en encre magnétique, non selon le lieu imprimé, créant un délai de compensation de plusieurs jours ou semaines avant qu’un chèque ne soit rejeté. Il utilisa cette marge pour faire circuler ses chèques à travers le pays, maximisant son temps d’évasion.
Méthodes audacieuses. Frank employa diverses tactiques osées :
- Louer une Rolls-Royce et se faire passer pour un homme d’affaires riche pour ouvrir des comptes avec de gros chèques contrefaits.
- Imprimer ses propres chèques Pan Am de haute qualité avec du matériel acheté à Las Vegas.
- Modifier les bordereaux de dépôt pour créditer de grosses sommes avant de retirer l’argent.
- Se faire passer pour un agent du FBI pour récupérer un chèque à son nom.
- Se faire passer pour un agent de sécurité bancaire pour collecter les dépôts nocturnes.
5. Aventures européennes et extension du jeu
Je m’étais lancé dans cette odyssée illicite bien pourvu en fournitures coupables : chèques de banque contrefaits (œuvre de mes mains), chèques de frais Pan Am et chèques de paie ordinaires (créations involontaires de Papa Lavalier) et formulaires d’autorisation de remboursement Pan Am (volés au service des magasins de Pan Am), ces derniers plus pour bluff que pour effet.
Chercher l’anonymat international. Sentant la pression aux États-Unis, Frank s’enfuit au Mexique puis en Europe, utilisant son personnage de pilote pour voyager librement en deadheading. Il poursuivit ses escroqueries par chèques, adaptant ses méthodes aux systèmes bancaires européens.
Exploiter les relations. À Paris, il rencontra Monique, hôtesse Air France, puis son père, imprimeur. Il convainquit Papa Lavalier, qui ne parlait pas anglais, d’imprimer des chèques Pan Am de haute qualité, prétendant qu’il s’agissait d’une affaire légitime. Ces chèques étaient si convaincants qu’ils étaient parfois encaissés par les bureaux mêmes de Pan Am lors des vérifications bancaires.
L’arnaque « Crew ». Son stratagème européen le plus élaboré consista à recruter huit étudiantes sous prétexte d’une tournée promotionnelle Pan Am. Il leur fournit uniformes, fausses cartes d’identité et paya leurs frais, utilisant leur présence pour légitimer l’encaissement de gros chèques contrefaits dans des hôtels fréquentés par les équipages à travers l’Europe. Les jeunes filles ignoraient totalement qu’elles participaient à une opération criminelle.
6. La traque s’intensifie et le filet se resserre
J’appris plus tard que ma décision de quitter Atlanta fut judicieuse. À peu près au même moment, à Washington, D.C., l’inspecteur du FBI Sean O’Riley reçut l’ordre d’abandonner toutes ses autres enquêtes pour se consacrer uniquement à ma capture.
La poursuite acharnée d’O’Riley. Frank ignorait pendant longtemps que l’inspecteur Sean O’Riley du FBI était son principal poursuivant. Tenace et dévoué, O’Riley reconstituait les déplacements et identités de Frank, le manquant souvent de peu. Les habitudes de Frank, comme abandonner des voitures louées et sa brève et maladroite usurpation d’agent du FBI à Eureka, fournirent à O’Riley des pistes cruciales.
Frôler la capture. Frank connut de nombreuses frayeurs, notamment un interrogatoire du FBI à Miami dont il se tira habilement, et une arrestation pour vagabondage à Boston. Là, il fut identifié mais réussit à se libérer sous caution avec un chèque sans provision, exaspérant O’Riley. Sa fuite de la prison de Boston donna lieu à la célèbre escroquerie du coffre nocturne.
Trahison et arrestation. Après des années de cavale, Frank s’installa à Montpellier, France, cherchant une retraite paisible. Mais une hôtesse Air France qui avait eu une liaison avec lui le reconnut en train de faire des courses et alerta la police. Cela conduisit à son arrestation spectaculaire par un important contingent d’autorités françaises, mettant fin à cinq ans de fuite.
7. Une incarcération brutale et une lueur d’espoir
J’étais plongé dans une obscurité totale. Une obscurité humide, glaciale, étouffante, terrifiante.
L’enfer de Perpignan. Frank fut condamné à un an de prison à Perpignan, une forteresse du XVIIe siècle. Sa cellule était un petit trou sombre en pierre, enfoncé dans le sol, avec seulement un seau, sans lumière, ni literie, ni sanitaires. Il subit :
- L’obscurité et l’isolement totaux
- Une nourriture minimale (pain et eau/soupe claire) à des heures irrégulières
- L’absence d’hygiène, contraint de vivre dans ses propres excréments
- Des tortures physiques et psychologiques infligées par les gardiens
- La perte du sens du temps et de la réalité
Survivre par la fantaisie. Pour préserver sa santé mentale dans ces conditions brutales, Frank s’appuya sur son imagination vive, créant des fantasmes élaborés de pilotage, de chirurgie ou de réalisation de films. Ces échappatoires mentales lui offraient un répit temporaire face à la dure réalité de sa détention.
Intervention du consulat américain. Après six mois, un consul américain, Peter Ramsey, lui rendit visite. Ramsey expliqua qu’il ne pouvait pas intervenir car Frank était traité comme un prisonnier français, mais que sa peine avait été réduite et qu’il serait bientôt transféré dans un autre pays demandant son extradition. Cette nouvelle, bien que n’étant pas la liberté, apporta une lueur d’espoir d’échapper aux horreurs de Perpignan.
8. Justice suédoise et chemin vers la rédemption
Vous êtes Frank Abagnale, n’est-ce pas ?
Un traitement humain. Après sa libération de Perpignan, Frank fut extradé en Suède où il fut inculpé. À sa grande surprise, il fut accueilli par deux inspectrices polies et désarmées qui le traitèrent avec dignité. La loi suédoise exigeait un interprète et un avocat commis d’office, même pour les prisonniers indigents.
Hospitalisation et rétablissement. À son arrivée, un médecin diagnostiqua une malnutrition sévère et une pneumonie. Frank passa un mois dans une chambre d’hôpital propre et privée, bénéficiant de soins excellents et de visites régulières des policiers suédois. Ce fut un contraste saisissant avec sa détention française.
Confession et sentence. De retour en détention, il fut logé dans une cellule confortable, semblable à un appartement. Il avoua ses crimes en Suède après avoir appris que la peine maximale était d’un an seulement, bien moindre que ce qu’il redoutait. Il fut reconnu coupable mais bénéficia d’une sentence clémente, reflet de l’approche suédoise privilégiant la réhabilitation plutôt que la punition sévère, ouvrant la voie à son retour aux États-Unis et à une vie différente.
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Avis
Arrête-moi si tu peux a suscité des avis partagés, avec une note moyenne de 4,04 sur 5. Nombreux sont ceux qui ont trouvé le récit divertissant et captivant, saluant l’audace et l’intelligence d’Abagnale. Pourtant, certains ont remis en question l’authenticité de ses affirmations et critiqué la répétition dans la narration. La manière dont les femmes sont dépeintes, ainsi que des attitudes jugées dépassées, ont également suscité des débats. Si certains ont préféré l’adaptation cinématographique, d’autres ont apprécié les détails supplémentaires offerts par le livre. En somme, les opinions divergent quant à la crédibilité et aux implications morales des exploits d’Abagnale.