Points clés
1. Les chrétiens doivent s’engager en politique pour aimer leur prochain et rechercher la justice.
Les chrétiens doivent s’impliquer en politique car cela leur offre une occasion précieuse d’aimer leur prochain en agissant avec justice, en favorisant l’épanouissement humain et en œuvrant pour la prospérité de leur communauté.
La politique concerne tout le monde. Les décisions politiques ne sont pas abstraites ; elles influent directement sur la vie des personnes, déterminant leur liberté, leur sécurité, leur logement, voire leur vie ou leur mort. Ignorer la politique revient à négliger un domaine d’influence majeur où les chrétiens peuvent concrètement manifester leur amour du prochain. Cet amour ne se limite pas à un sentiment, il exige une action concrète, comme le montre la parabole du Bon Samaritain et l’enseignement de Jacques 2:15-17 sur la foi sans œuvres.
Rechercher la justice et la droiture. La Bible appelle sans cesse le peuple de Dieu à poursuivre la justice et la droiture, qui sont au cœur de son caractère et de son trône (Psaume 89:14). Le gouvernement est institué par Dieu, en partie, pour faire respecter la justice (Romains 13:4, Amos 5:15). Ainsi, les chrétiens ont un mandat biblique pour participer au système politique afin de garantir que la société traite chacun équitablement, respecte la dignité humaine et cherche la paix ainsi que la prospérité de leurs communautés (Jérémie 29:7).
Exemples historiques et bibliques. Tout au long de l’histoire et des Écritures, des personnes fidèles ont utilisé les moyens politiques pour faire avancer la volonté de Dieu et venir en aide aux autres.
- Joseph : a utilisé sa position en Égypte pour sauver des vies lors d’une famine.
- Moïse : a confronté le Pharaon pour libérer les Israélites.
- Daniel : a servi dans les cours babylonienne et perse tout en restant fidèle à Dieu.
- Esdras et Néhémie : ont collaboré avec les rois perses pour reconstruire Jérusalem.
- Paul : a utilisé sa citoyenneté romaine pour faire progresser la mission évangélique.
- William Wilberforce : a mené le mouvement abolitionniste au Royaume-Uni via le Parlement.
- Frederick Douglass : a défendu l’abolition et les droits civiques, conseillant le président Lincoln.
- Fannie Lou Hamer : a organisé et milité pour le droit de vote dans le Sud ségrégué.
2. Le gouvernement est institué par Dieu ; la séparation de l’Église et de l’État permet une influence fidèle, non une exclusion.
Beaucoup ont mal interprété la séparation de l’Église et de l’État, pensant que les convictions religieuses ne devraient pas intervenir dans les débats publics et la législation.
Le but divin du gouvernement. La Bible enseigne que les autorités gouvernantes sont établies par Dieu (Romains 13:1) pour instaurer l’ordre, la sécurité et la justice dans un monde déchu. Aucun gouvernement humain n’est parfait, mais ces institutions remplissent une fonction nécessaire en limitant le chaos et en promouvant le bien commun. Les chrétiens sont appelés à se soumettre à ces autorités, tout en les défiant lorsqu’elles tolèrent ou soutiennent l’injustice.
Comprendre la séparation Église-État. La clause d’établissement du Premier Amendement interdit au gouvernement d’instaurer une religion ou d’en favoriser une au détriment des autres, tandis que la clause de libre exercice protège le droit des citoyens à pratiquer leur foi librement. Cette séparation empêche une théocratie et garantit la liberté religieuse pour tous, permettant aux chrétiens de partager l’Évangile dans un espace pluraliste. Elle ne signifie pas que les valeurs religieuses doivent être exclues de la vie publique ou de la législation.
Les valeurs guident la loi. Toutes les lois et politiques reposent sur des valeurs sous-jacentes et des jugements sur ce qui est juste, injuste, bénéfique ou nuisible. Il est impossible d’élaborer une loi à partir d’une position neutre. Par conséquent, les chrétiens ne sont pas seulement autorisés, mais tenus d’appliquer les valeurs bibliques à leurs décisions politiques et à leur plaidoyer, cherchant à influencer les lois pour le bien de leurs prochains et de la société, tout en respectant la nature pluraliste de la société et sans chercher à imposer la doctrine chrétienne aux non-croyants.
3. Un engagement fidèle exige d’équilibrer compassion (justice sociale) et conviction (ordre moral), en rejetant les faux choix politiques.
Le système politique américain actuel sépare l’amour de la vérité, la compassion de la conviction, la justice sociale de l’ordre moral, comme s’ils étaient incompatibles.
Le cadre évangélique. L’Évangile appelle les chrétiens à incarner à la fois l’amour et la vérité, la compassion et la conviction, la justice sociale et l’ordre moral (Éphésiens 4:14-15). Ce ne sont pas des forces opposées, mais des aspects interdépendants d’une vision biblique du monde. L’amour sans vérité devient sentimentalité, tandis que la vérité sans amour devient dureté. Un engagement politique fidèle exige de tenir ces tensions ensemble, cherchant la justice pour les marginalisés tout en défendant les normes morales éternelles de Dieu.
Rejeter les faux dilemmes. Le paysage politique polarisé présente souvent aux chrétiens des choix illusoires, les forçant à choisir entre défendre la justice sociale (comme la pauvreté ou l’égalité raciale) et soutenir les valeurs morales traditionnelles (comme la sainteté de la vie ou du mariage). Les chrétiens doivent reconnaître ces faux dilemmes, fruits de récits incomplets ou malhonnêtes, et insister sur un cadre qui embrasse à la fois la justice biblique et la moralité biblique.
Appliquer ce cadre. En évaluant les questions politiques, les chrétiens doivent se demander comment l’amour les pousse à agir pour le bien d’autrui (notamment des plus vulnérables) et comment la vérité exige l’adhésion à l’ordre moral révélé par Dieu. Ce cadre permet des désaccords sur des politiques spécifiques, mais exclut les positions qui sapent clairement la dignité humaine, favorisent l’injustice ou nient des vérités bibliques fondamentales.
4. Critiquer les idéologies politiques (progressiste/conservatrice) à travers un cadre biblique, en évitant l’endoctrinement.
Notre adhésion au progressisme ou au conservatisme doit être subordonnée aux directives de la Parole.
Les idéologies sont imparfaites. Ni le progressisme ni le conservatisme politique ne correspondent parfaitement à l’Évangile. Chacun présente des forces et des faiblesses selon une perspective biblique. Le progressisme peut mettre l’accent sur la justice et la remise en cause des systèmes oppressifs, mais parfois au détriment de l’ordre moral traditionnel ou en rejetant des vérités intemporelles. Le conservatisme peut valoriser l’ordre moral et un gouvernement limité, mais parfois en négligeant les injustices systémiques ou en manquant de compassion envers les vulnérables.
Éviter l’endoctrinement. Les chrétiens ne doivent pas laisser leur parti politique ou leur tribu idéologique devenir l’autorité ultime qui façonne leurs valeurs et opinions. Chercher la validation dans des sources mondaines peut conduire à compromettre ses convictions pour des raisons politiques ou sociales. Au contraire, les chrétiens doivent évaluer de manière critique toutes les positions politiques selon les normes bibliques, se laissant transformer par le renouvellement de leur esprit (Romains 12:2) plutôt que de se conformer aux modèles du monde.
Penser de manière indépendante. La fidélité exige que les chrétiens défient les orthodoxies progressistes et conservatrices lorsqu’elles entrent en conflit avec les principes bibliques. Il est intellectuellement paresseux et infidèle d’adhérer aveuglément à la plateforme d’un parti sur chaque sujet. Les chrétiens doivent pouvoir articuler leurs positions sur la base d’un raisonnement biblique, même si cela signifie s’opposer à leurs alliés politiques, en gardant à l’esprit que leur validation ultime vient du Christ.
5. S’associer stratégiquement avec des non-croyants (cobelligérants), en préservant son identité chrétienne et son esprit critique.
« Je m’unirais avec quiconque pour faire le bien, et avec personne pour faire le mal. »
Les partenariats sont nécessaires. Dans une société démocratique et diverse, les chrétiens doivent souvent collaborer avec des non-croyants pour atteindre des objectifs communs dans les sphères politique et culturelle. Éviter tout contact avec ceux qui ne partagent pas la foi est pratiquement impossible et empêcherait les chrétiens d’être sel et lumière dans le monde (1 Corinthiens 5:9-10, Matthieu 5:13-16).
Cobelligérance, pas alliance totale. Si les chrétiens ne peuvent avoir d’alliance ultime qu’avec leurs frères en Christ, ils peuvent agir en « cobelligérants » avec des non-croyants qui défendent une juste cause grâce à la grâce commune. Des exemples historiques, comme Esdras et Néhémie travaillant avec les rois perses ou la coalition du mouvement des droits civiques, illustrent le potentiel de partenariats fructueux au-delà des frontières de la foi.
Engagement stratégique. Les chrétiens doivent entrer dans ces partenariats de manière stratégique et conditionnelle, non naïve. Cela implique :
- Connaître ses propres convictions et son identité en Christ.
- Étudier les valeurs, motivations et objectifs à long terme des partenaires.
- Définir clairement les objectifs et valeurs partagés.
- Identifier les différences et points de conflit.
- Garder un esprit critique et être prêt à remettre en question les tactiques des partenaires.
- Refuser l’endoctrinement ou la recherche de validation auprès de sources non chrétiennes.
6. Faire preuve de sagesse dans le message et la rhétorique politique, en évitant tromperie et déshumanisation.
La langue a le pouvoir de la vie et de la mort, et ceux qui l’aiment en mangeront les fruits.
Les mots comptent en politique. La rhétorique et le message sont des outils puissants dans l’arène politique, utilisés pour persuader, mobiliser et influencer l’opinion publique. Les leaders ont souvent employé les mots pour inspirer l’espoir ou attiser la haine. Les chrétiens sont appelés à user de leur parole avec fidélité, en disant la vérité avec amour (Éphésiens 4:15) et en évitant les manœuvres trompeuses si courantes en politique (Éphésiens 4:14).
Détecter le langage trompeur. Le discours politique recourt fréquemment à des mots creux, slogans fallacieux et simplifications abusives pour manipuler la perception publique. Les noms de politiques ou d’organisations ne reflètent pas toujours leur réalité ou leurs conséquences. Les chrétiens doivent faire preuve de scepticisme sain, creuser au-delà des messages superficiels et exiger des explications claires plutôt que de se laisser guider par des phrases accrocheuses ou des appels émotionnels.
Éviter la déshumanisation. Une tactique dangereuse en rhétorique politique est de déshumaniser les adversaires, en les présentant comme purement mauvais, stupides ou irrécupérables. Cela prive les individus et groupes de leur dignité humaine, facilitant la justification de mauvais traitements ou le rejet total de leurs préoccupations. Les chrétiens sont appelés à aimer leurs ennemis (Matthieu 5:44) et doivent résister à la tentation d’employer un langage dégradant, même face à une injustice réelle ou un désaccord, en se rappelant que la vengeance appartient à Dieu (Romains 12:19).
7. Confronter le racisme et la division raciale dans l’Église et la société, en poursuivant la réconciliation.
Comment parler de guérison dans un monde brisé si nous reflétons ses divisions ?
Une lutte historique. L’Église américaine porte une histoire longue et douloureuse de complicité ou de silence face au racisme, depuis la tolérance de l’esclavage jusqu’à l’application de la ségrégation. Cette division contredit la vision biblique d’un corps uni en Christ, transcendant les barrières raciales et culturelles (Galates 3:28, 1 Corinthiens 12:12-27). L’échec de l’Église à surmonter ces divisions nuit gravement à sa crédibilité dans un monde fracturé.
Confronter le racisme bibliquement. Aborder le racisme demande humilité, grâce et la volonté d’affronter des vérités inconfortables sur l’histoire et la réalité actuelle. L’idéologie du « daltonisme racial », bien qu’apparemment bien intentionnée, empêche souvent de reconnaître et de traiter les effets persistants du racisme systémique et des inégalités. Les chrétiens doivent voir et parler de la race pour œuvrer à des solutions, sachant que la vision de Dieu inclut une diversité raciale réconciliée (Apocalypse 7:9-10).
Poursuivre la réconciliation. La réconciliation raciale est un processus enraciné dans l’Évangile, nécessitant un effort intentionnel au-delà de la simple sentimentalité. Elle implique :
- La prise de conscience : comprendre l’histoire et les réalités actuelles du racisme.
- Les relations : bâtir des liens authentiques au-delà des barrières raciales pour briser les caricatures.
- Le plaidoyer : agir ensemble sur des questions de justice fondées sur des principes chrétiens communs.
- La réconciliation active : chercher la plénitude mutuelle, l’épanouissement et le partage des ressources.
Ce processus permet aux chrétiens de manifester la puissance transformatrice de l’Évangile pour surmonter les divisions profondes de la société.
8. Le plaidoyer et la protestation sont des outils bibliques pour la justice, nécessitant stratégie et justes motifs.
Nos actions politiques doivent être honnêtes, humbles, respectueuses de la dignité humaine — même envers ceux avec qui nous sommes en désaccord — et exemptes de duplicité.
Des outils d’engagement. Le plaidoyer (agir pour influencer les décisions) et la protestation (exprimer publiquement son désaccord) sont des moyens légitimes et nécessaires pour les chrétiens de poursuivre la justice et l’amélioration de la société par le processus politique. Dans une démocratie représentative, ces actions permettent aux citoyens de gérer leurs élus et de faire entendre leur voix.
Exemples bibliques. Les Écritures montrent des exemples d’usage de ces outils par le peuple de Dieu :
- Moïse et Aaron : ont plaidé à plusieurs reprises auprès du Pharaon pour la libération d’Israël.
- Esther : a intercédé auprès du roi Assuérus pour sauver le peuple juif d’un génocide.
- Shadrac, Méshac et Abed-Nego : ont protesté en refusant d’adorer l’image d’or.
- Jésus : a protesté en purifiant le temple et en écrivant dans la poussière pour contester la lapidation de la femme adultère.
Approche stratégique et éthique. Un plaidoyer et une protestation efficaces exigent plus que de la passion ; ils requièrent une réflexion stratégique et le respect de l’éthique chrétienne. Les actions doivent découler d’une stratégie claire identifiant objectifs, décideurs, alliés et ressources. Les tactiques doivent viser à influencer le décideur, mettre en lumière l’objectif précis, être réalisables par l’équipe et perturber le statu quo sans recourir à la tromperie, au mépris, à l’orgueil ou à la violence. La motivation doit toujours être d’aider autrui, non de punir les adversaires.
9. Cultiver la civilité dans l’engagement politique, en reconnaissant la dignité humaine.
Toute incivilité est, à sa racine, précédée par une déshumanisation.
La civilité comme politesse publique. La civilité désigne les normes de décence publique et la manière dont nous nous traitons dans l’espace public, incluant le respect du désaccord et la reconnaissance de la dignité d’autrui, même des adversaires. C’est une forme de grâce publique essentielle à une culture politique saine.
Les racines de l’incivilité. L’incivilité naît d’un refus de reconnaître la dignité humaine et découle souvent d’un « contact sans communion », menant à des vues peu sympathiques, de la mauvaise volonté et finalement à la haine publique. Ce phénomène est aggravé en politique moderne par la ségrégation idéologique et des médias qui mettent en avant le pire des adversaires, facilitant la déshumanisation des personnes aux opinions différentes.
Cultiver la civilité. Les chrétiens sont appelés à rendre le mal par le bien et à rechercher la paix (1 Pierre 3:9-12). Cultiver la civilité demande :
- De fonder son engagement sur le service, non sur l’intérêt personnel ou l’antipathie.
- D’aborder les questions avec humilité, en reconnaissant les limites de sa propre compréhension.
- D’exercer la patience envers ceux qui voient le monde autrement.
- D’éviter la tromperie et la manipulation.
- De se tenir soi-même et ses alliés à des normes élevées de respect et d’intégrité.
[Fin de la traduction.]
Dernière mise à jour:
Avis
Compassion (&) Conviction recueille des avis extrêmement positifs grâce à son approche équilibrée de l’engagement politique chrétien. Les lecteurs apprécient son cadre biblique, ses conseils pratiques et son insistance sur la préservation de l’identité chrétienne tout en participant à la vie civique. Cet ouvrage est salué pour son traitement à la fois des points de vue conservateurs et progressistes, son encouragement à la réflexion critique et sa promotion de la civilité dans le débat politique. Nombreux sont ceux qui le considèrent comme une lecture incontournable pour les chrétiens désireux de naviguer dans un paysage politique complexe tout en restant fidèles à leur foi. Quelques critiques mineures évoquent un souhait d’obtenir des recommandations politiques plus précises ainsi qu’une exploration théologique plus approfondie.