Points clés
1. Le cerveau humain, véritable créateur de notre univers
Puis, environ cent mille ans après son essor fulgurant, le véritable créateur se retourna, stupéfait par ses accomplissements presque miraculeux, et constata qu’il avait façonné un tout nouvel univers.
Notre réalité perçue. Le cerveau humain, modelé par des millions d’années d’évolution, est l’unique architecte de « l’univers humain ». Cet univers englobe tout le savoir, les perceptions, les mythes, les croyances, les théories, la culture et la technologie qui définissent notre espèce. Il ne s’agit pas d’une réalité objective indépendante de nous, mais d’une construction de notre esprit.
Une vision centrée sur le cerveau. Cette perspective place le cerveau humain au cœur de notre compréhension du réel. Des concepts tels que la physique, les mathématiques ou l’art n’existent pas de manière autonome ; ils sont des assemblages de constructions mentales humaines. Une intelligence extraterrestre, dotée d’un cerveau différent, décrirait sans doute le cosmos de façon totalement distincte.
Le sens à partir de l’information. Le cerveau excelle à extraire l’information potentielle du cosmos et à y apposer du sens. Ce processus engendre la connaissance, indispensable à l’adaptation et à la survie. Nos théories et descriptions de l’univers sont des récits élaborés, dérivés de notre neurobiologie singulière.
2. L’évolution a forgé le cerveau comme un ordinateur organique unique
Plus précisément, mon objectif est de décrire comment cet ordinateur organique — c’est ainsi que j’aime qualifier le cerveau humain — a atteint sa configuration moderne et, ce faisant, a acquis les moyens de générer une série de comportements humains essentiels, fondamentaux pour l’ascension du véritable créateur de tout en tant que centre de l’univers humain.
Encéphalisation et néocortex. La taille du cerveau humain a considérablement augmenté sur 2,5 millions d’années, en particulier le néocortex, siège des fonctions cognitives supérieures. Cette croissance a nécessité une énergie importante, alimentée par des changements alimentaires (consommation de viande, cuisson) et une réduction de la taille de l’intestin.
- Australopithèque : ~400 cm³
- Homo habilis : ~650 cm³
- Homo erectus : ~1200 cm³
- Homo sapiens : ~1130-1270 cm³
Hypothèse du cerveau social. La taille du cerveau, surtout du néocortex, est corrélée à la taille des groupes sociaux (nombre de Dunbar). Les cerveaux plus volumineux gèrent la complexité des relations sociales. Le langage a remplacé le toilettage comme principal outil de lien social, permettant des groupes plus vastes.
Coévolution culture-gène. La culture humaine, transmise de génération en génération, a stimulé l’évolution cérébrale. Apprendre des autres et accumuler le savoir a créé une pression sélective favorisant des cerveaux plus grands et plus performants. Cette puissance cérébrale collective est la clé de notre succès.
3. Le cerveau traite l’information différemment des machines numériques
L’idée que la complexité exhibée par nos cerveaux puisse être recréée simplement en connectant un nombre extraordinairement élevé d’éléments électroniques efficaces est non seulement très éloignée de la réalité, mais, examinée en profondeur, n’a aucune chance crédible de réussir : ni aujourd’hui, ni jamais.
Organique vs numérique. Le cerveau est un ordinateur organique qui utilise sa structure physique pour acquérir, traiter et stocker l’information, principalement par calcul analogique. Les ordinateurs numériques reposent sur une logique binaire abstraite et des algorithmes indépendants du matériel. Cette différence fondamentale rend le cerveau résistant à la simulation numérique.
Information de Shannon vs Gödelienne. Les ordinateurs numériques traitent l’information de Shannon (binaire, syntaxique, indépendante du contexte). Le cerveau traite les deux, mais surtout l’information Gödelienne (analogique, sémantique, dépendante du contexte). Cette dernière est physiquement ancrée dans la matière organique et ne peut être entièrement numérisée ou simulée par une machine de Turing.
- Shannon : mesure l’incertitude, la surprise ; focalisation sur la syntaxe.
- Gödelienne : ancrée dans les tissus, efficacité causale ; focalisation sur le sens/la sémantique ; non calculable.
Non-calculabilité. Les théorèmes d’incomplétude de Gödel et de complexité de Chaitin suggèrent des limites aux systèmes formels (comme les ordinateurs numériques). Le cerveau peut générer des vérités ou comportements (intuition, créativité) non calculables par des algorithmes, agissant comme un « hyperordinateur ».
4. Le fonctionnement cérébral repose sur des ensembles neuronaux dynamiques et plastiques
Nos cerveaux se modifient eux-mêmes, tant anatomiquement que physiologiquement, en réponse à chaque personne et chaque chose avec lesquelles nous interagissons, à mesure que nous apprenons de nouvelles compétences, et même lorsque des modifications importantes surviennent autour et à l’intérieur de notre corps.
Dynamique et distribué. Les fonctions cérébrales émergent de l’activité coordonnée de vastes populations neuronales réparties sur plusieurs zones, non de régions isolées. Cette activité en « ensembles neuronaux » est très dynamique et en perpétuel changement.
Principes clés :
- Distribué : les fonctions impliquent d’immenses réseaux neuronaux.
- Masse neuronale : la contribution de l’ensemble croît logarithmiquement avec le nombre de neurones.
- Multitâche : un neurone unique participe à plusieurs ensembles/fonctions.
- Dégénérescence : un même résultat peut être atteint par différentes combinaisons neuronales.
- Contexte : l’état du cerveau détermine la réponse aux stimuli (point de vue propre du cerveau).
- Conservation d’énergie : le niveau global d’activité reste constant.
Plasticité. La remarquable capacité du cerveau à modifier sa structure et ses fonctions selon l’expérience s’appelle la plasticité. Elle permet l’apprentissage, l’adaptation et la récupération après blessure. C’est une différence fondamentale avec les systèmes numériques à matériel fixe. Des expériences montrent que le cerveau peut même acquérir de nouveaux sens grâce à cette plasticité.
5. Les champs électromagnétiques neuronaux unifient le cerveau en un continuum
Il n’est donc pas étonnant que très peu de neuroscientifiques aient jamais envisagé qu’un signal aussi faible puisse jouer un rôle fondamental dans la génération de la plupart, sinon de toutes, nos fonctions cérébrales les plus précieuses.
Solénoïdes biologiques. Les faisceaux de matière blanche agissent comme des solénoïdes biologiques, générant des champs électromagnétiques lorsque les signaux électriques les traversent. Ces champs sont infimes (~1 picotesla) mais potentiellement cruciaux pour le fonctionnement cérébral.
Liaison analogique. La théorie du cerveau relativiste propose que ces champs électromagnétiques neuronaux (CÉN) fournissent la « colle » physiologique qui fusionne les régions cérébrales disparates en un continuum fonctionnel unique ou « espace mental ». Cela permet une synchronisation rapide et précise à travers le cerveau.
Influence multi-niveaux. Les CÉN peuvent potentiellement influencer l’activité cérébrale à plusieurs niveaux organisationnels simultanément :
- Quantique/atomique
- Moléculaire/génétique
- Chimique/subcellulaire
- Cellulaire
- Circuits
Cette influence analogique pourrait médiatiser la conversion entre potentiels d’action numériques et information Gödelienne analogique, soutenant des fonctions complexes non calculables comme la conscience, le schéma corporel et la mémoire.
6. Les cerveaux humains se synchronisent en puissants « brainets » collectifs
Fondamentalement, un brainet est un ordinateur organique distribué composé de plusieurs cerveaux individuels qui se synchronisent — dans le domaine analogique — par un signal externe tel que la lumière, le son, le langage, des substances chimiques ou des ondes radio ou électromagnétiques et, de ce fait, sont capables de produire des comportements sociaux collectifs émergents.
Cerveaux couplés. Tout comme les CÉN unifient un cerveau unique, des signaux externes peuvent synchroniser plusieurs cerveaux individuels en une entité collective appelée brainet. Des expériences montrent que des singes peuvent synchroniser leur activité cérébrale pour accomplir des tâches communes.
Mécanismes de synchronisation. Le couplage cerveau-à-cerveau peut se faire par divers signaux :
- Sensoriels (visuels, auditifs)
- Langage (oral, écrit)
- Signaux sociaux (gestes, proximité)
- Neurochimiques (oxytocine, dopamine)
Apprentissage hébbien. Les brainets apprennent et renforcent leurs connexions via un mécanisme hébbien à l’échelle des cerveaux entiers. Lorsque les cerveaux interagissent et se synchronisent, la « connexion » (médiée par le signal externe) se renforce, consolidant le comportement collectif.
7. Les abstractions mentales et les croyances guident l’histoire et le comportement humains
Je fais référence à cette obsession apparemment innée chez l’humain de s’engager pleinement, de miser sa vie présente et future, et d’établir des codes rigides d’éthique et de morale, fondés sur rien d’autre qu’une abstraction mentale intangible.
Constructions cérébrales. Des concepts tels que le temps, l’espace, les mathématiques, les dieux, les nations ou les systèmes économiques sont des abstractions mentales créées par le cerveau humain. Ce sont des composites d’information Gödelienne, des modèles à faible dimension générés pour donner sens à une réalité complexe.
La croyance comme opérateur. La croyance agit comme un « opérateur Gödelien » dans le cerveau, modulant perception, émotions et mémoire. Elle nous permet d’accepter ces abstractions mentales comme vérités, même sans validation empirique. Les croyances peuvent être innées ou acquises par interaction sociale.
Virus informationnels et brainets. Les abstractions mentales, surtout celles qui font appel à des instincts primitifs (tribalisme, peur de l’ennemi), peuvent se propager comme des « virus informationnels ». Ces virus synchronisent un grand nombre de cerveaux en brainets puissants et cohésifs, capables de diriger des comportements collectifs, pour le meilleur ou pour le pire (guerres, génocides, mouvements scientifiques, art).
8. L’addiction numérique menace les capacités cognitives humaines fondamentales
À mesure que nous dépendons des ordinateurs pour médiatiser notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui s’aplatit en intelligence artificielle.
Hypothèse du caméléon numérique. L’interaction constante avec les systèmes numériques, les algorithmes et les interactions sociales médiatisées numériquement pourrait remodeler notre cerveau. En quête de récompense, le cerveau pourrait privilégier le traitement de l’information de type Shannon au détriment de l’information Gödelienne.
Érosion des traits humains. Ce basculement pourrait compromettre des attributs humains uniques :
- Empathie et compassion
- Créativité et intuition
- Pensée critique et réflexion
- Capacités naturelles de navigation
Compromis cognitifs. Des études suggèrent que l’amélioration des compétences visuo-spatiales liée au temps passé devant les écrans se fait au détriment du traitement profond, de la pensée critique et de la mémoire. La dépendance excessive aux outils numériques pour des tâches comme la navigation ou le stockage mnésique peut dégrader les circuits neuronaux correspondants.
9. L’humanité fait face à un choix existentiel pour son avenir
Choisissez avec sagesse, et l’avenir, sinon l’immortalité, de toute la race humaine sera assuré ; ou bien empruntez une voie erronée fondée sur les mirages générés par des abstractions mentales débridées, et le pronostic d’une auto-annihilation scellée pourrait devenir irréversible.
Bifurcation existentielle. L’humanité se trouve à un carrefour, menacée par des abstractions mentales qui ont échappé à tout contrôle. La fusion de « l’Église du Marché » (monétisation de la vie) et du « Culte de la Machine » (automatisation, IA supérieure) constitue un risque majeur.
Domination du marché et de la machine. Ces abstractions fusionnées privilégient le profit et l’automatisation au détriment du bien-être humain, engendrant inégalités, chômage et dégradation environnementale. Elles promeuvent une vision de l’humain comme simple composant ou donnée, non comme créateur.
Réaffirmer le contrôle humain. La vision centrée sur le cerveau offre une voie en démystifiant ces forces dominantes comme des constructions cérébrales. Reconnaître leur origine permet de contester leur autorité absolue et de prioriser les besoins et aspirations humaines. La science, bien que puissante, doit reconnaître ses propres limites imposées par le cerveau et servir l’humanité, non un dogme abstrait ou le profit.
Dernière mise à jour:
Avis
Le véritable créateur de tout a suscité des avis partagés. Certains ont salué ses idées fascinantes sur les neurosciences et le rôle du cerveau dans la construction de la réalité, tandis que d’autres l’ont trouvé dense et difficile à suivre. Les critiques ont reconnu la maîtrise de l’auteur, mais ont reproché la structure du livre ainsi que ses digressions vers d’autres sujets. Les parties consacrées à la neurobiologie ont généralement été bien accueillies, alors que les chapitres ultérieurs, abordant la politique et la société, ont rencontré moins d’enthousiasme. Si certains lecteurs ont trouvé les théories de l’auteur captivantes, d’autres sont restés sceptiques quant à certaines affirmations, notamment en ce qui concerne la théorie relativiste du cerveau.