Points clés
1. Les emplois à la con sont répandus et définis par leur inutilité
Un emploi à la con est une forme d'emploi rémunéré qui est tellement inutile, superflu ou pernicieux que même l'employé ne peut justifier son existence, bien que, dans le cadre des conditions d'emploi, l'employé se sente obligé de prétendre que ce n'est pas le cas.
Phénomène répandu : Les emplois à la con sont devenus de plus en plus courants dans les économies modernes, avec des enquêtes suggérant que jusqu'à 37-40 % des travailleurs dans les pays riches estiment que leurs emplois sont inutiles. Ces emplois existent souvent dans :
- Les bureaucraties d'entreprise
- Les services financiers
- Les rôles administratifs
- Les postes de gestion intermédiaire
Caractéristiques des emplois à la con :
- Aucun impact positif discernable sur la société
- Pourraient être éliminés sans conséquences négatives
- Impliquent souvent de faire semblant de travailler ou de créer des tâches inutiles
- Tendent à être bien rémunérés par rapport aux emplois socialement utiles
La prolifération des emplois à la con contredit la théorie économique, qui suggère que la concurrence sur le marché devrait éliminer les postes inutiles. Ce paradoxe pointe vers des problèmes structurels plus profonds dans nos systèmes économiques et sociaux.
2. Cinq types d'emplois à la con : les larbins, les brutes, les rafistoleurs, les cocheurs de cases et les contremaîtres
Je dirais que l'équipe de développement moyenne obtient une émission commandée tous les trois à quatre mois. C'est de la connerie pure et simple.
Larbins : Existent pour faire paraître ou se sentir important quelqu'un d'autre
- Réceptionnistes sans travail réel
- Assistants administratifs inutiles
- Portiers dans des immeubles avec interphones
Brutes : Emplois impliquant l'agression ou la manipulation
- Télévendeurs
- Avocats d'entreprise
- Lobbyistes
Rafistoleurs : Résolvent des problèmes qui ne devraient pas exister
- Professionnels de l'informatique réparant des systèmes mal conçus
- Employés corrigeant les erreurs de leurs supérieurs
Cocheurs de cases : Créent l'apparence de faire quelque chose
- Professionnels de la gestion des risques dans les banques
- Responsables de la conformité d'entreprise
- Certaines formes de gestion intermédiaire
Contremaîtres : Assignent ou créent du travail pour les autres
- Superviseurs inutiles
- Managers qui inventent des tâches inutiles pour leurs subordonnés
Ces catégories se chevauchent souvent, et de nombreux emplois à la con combinent des éléments de plusieurs types. Le fil conducteur est qu'ils impliquent tous un travail qui est finalement inutile ou contre-productif.
3. Les emplois à la con causent des dommages psychologiques et une confusion morale
Je ressens de l'anxiété parce que je pense qu'à tout moment quelqu'un va se rendre compte que rien ne changerait si je n'étais pas là et qu'ils pourraient économiser de l'argent.
Impact psychologique : Occuper un emploi à la con peut mener à :
- Dépression et anxiété
- Perte d'estime de soi
- Sentiments d'inutilité
- Stress dû à la prétention de travailler
Confusion morale : Les travailleurs dans des emplois à la con éprouvent souvent :
- Dissonance cognitive entre leurs valeurs et leurs actions
- Culpabilité de recevoir un salaire pour un travail inutile
- Ressentiment envers ceux qui occupent des emplois socialement utiles
- Confusion quant à l'objectif de leur rôle dans la société
Le coût psychologique des emplois à la con s'étend au-delà du lieu de travail, affectant les relations personnelles et la satisfaction de vie globale. De nombreux travailleurs se sentent piégés, incapables de quitter leurs postes bien rémunérés mais sans signification en raison d'obligations financières ou d'attentes sociétales.
4. Le paradoxe : Les gens détestent avoir des emplois à la con mais croient au travail comme une vertu
Si vous ne détruisez pas votre esprit et votre corps par le travail rémunéré, vous ne vivez pas correctement.
Contradiction de l'éthique du travail : La société valorise le travail acharné et l'emploi, même lorsque le travail lui-même est inutile. Cela conduit à :
- Les gens se sentent coupables de ne pas travailler, même dans des emplois à la con
- Une croyance que tout emploi est meilleur que pas d'emploi
- Une résistance à des idées comme la réduction des semaines de travail ou le revenu de base universel
Contexte historique :
- Éthique protestante du travail : Le travail comme devoir moral et religieux
- Révolution industrielle : Accent sur la productivité et la discipline du temps
- Économie post-industrielle : Passage aux emplois de service et d'information
Ce paradoxe crée une situation où les gens sont misérables dans leurs emplois à la con mais se sentent moralement obligés de continuer à travailler. Il contribue également à la résistance politique contre les politiques qui pourraient réduire la prévalence des emplois à la con.
5. Le féodalisme managérial et la prolifération des emplois à la con
La classe dirigeante a compris qu'une population heureuse et productive avec du temps libre est un danger mortel.
Féodalisme managérial : Un système où :
- Le pouvoir et le statut sont dérivés du contrôle des subordonnés
- Les entreprises créent des couches inutiles de gestion
- L'efficacité est moins importante que le maintien des hiérarchies
Causes de la prolifération des emplois à la con :
- Financiarisation de l'économie
- Croissance des bureaucraties administratives et réglementaires
- Culture d'entreprise valorisant l'apparence plutôt que la substance
- Pression politique pour maintenir le plein emploi
Ce système se perpétue en créant de nouvelles couches d'emplois à la con pour justifier l'existence de postes de niveau supérieur. Il sert également à occuper la main-d'œuvre et à la rendre moins susceptible de contester les structures de pouvoir existantes.
6. La relation inverse entre la valeur sociale et la rémunération
Plus le travail de quelqu'un bénéficie manifestement aux autres, moins il est susceptible d'être payé pour cela.
Paradoxe de la valeur : Les emplois ayant l'impact positif le plus direct sur la société reçoivent souvent la plus faible rémunération :
- Enseignants
- Infirmières
- Travailleurs sociaux
- Éboueurs
Emplois hautement rémunérés, faible valeur sociale :
- Traders financiers
- Avocats d'entreprise
- Cadres marketing
- De nombreuses formes de gestion intermédiaire
Cette relation inverse crée du ressentiment et une confusion morale. Elle contribue également à la difficulté d'éliminer les emplois à la con, car ceux qui occupent des postes bien rémunérés mais socialement inutiles ont un intérêt à maintenir le statu quo.
7. Le revenu de base universel comme solution potentielle aux emplois à la con
Si le revenu de base universel était institué, il est très difficile d'imaginer que des emplois comme celui d'Annie continueraient longtemps à exister.
Avantages du RBU :
- Élimine la nécessité de travailler uniquement pour survivre
- Permet aux gens de poursuivre un travail ou une éducation significatifs
- Réduit le déséquilibre de pouvoir entre employeurs et employés
- Élimine potentiellement de nombreux emplois à la con
Défis de la mise en œuvre du RBU :
- Résistance politique de ceux qui bénéficient du système actuel
- Préoccupations concernant le financement et l'inflation
- Attachement culturel à l'idée du travail comme vertu
Le revenu de base universel pourrait fondamentalement remodeler le marché du travail en permettant aux gens de refuser des emplois à la con sans risquer la pauvreté. Cela pourrait conduire à une réévaluation du travail basée sur son utilité sociale réelle plutôt que sur sa capacité à occuper le temps ou à maintenir des hiérarchies.
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Avis
Bullshit Jobs: Une Théorie explore la prévalence du travail sans signification dans la société moderne. Graeber soutient que de nombreux emplois sont inutiles et même nuisibles, proposant que 37-40% des emplois sont des "bullshit jobs". Le livre catégorise ces emplois et examine leur impact psychologique sur les travailleurs. Alors que certains lecteurs ont trouvé le livre perspicace et stimulant, d'autres ont critiqué sa dépendance aux preuves anecdotiques et son manque d'analyse rigoureuse. Le concept a résonné avec de nombreux lecteurs ayant vécu des expériences de travail non épanouissantes, bien que certains aient estimé que le livre aurait pu être plus concis et offrir des solutions plus claires.